Journal d'un Tunisien .. au volant

Depuis mon jeune age, mon père m'avait appris à conduire la voiture quand je l'accompagnais dans ses escapades dans le désert, c'était un divin plaisir pour moi d'explorer les pistes des "Sweni" et de "Djebal El Magroun" au volant de la vieille 4L.

Je me plaignais tout le temps de la qualité de la piste, des secousses et du fait que je devais rouler lentement, j'avais pour fantasme d'emprunter un vraie route revêtue de bitume et de pouvoir surtout passer la 5ème, chose que bien évidement mon père ne me laissait pas faire.
Conduire était devenu une passion pour moi et je rigole un bon coup quand je me rappelle de tout ça parce qu'aujourd'hui, je suis incapable de décrire la répulsion que je ressens à chaque vois que je prends le volant, une vraie torture avec ce que je rencontre quotidiennement de manque de civisme, d'impolitesse sur mon chemin.

Des fois, je me sens vraiment con parce que je m'arrête au feu rouge, parce que je marque un stop ou parce que j'allume mes feux de direction quand je vire.
Je me sens vraiment débile quand je tiens à respecter la file dans un bouchon et quand un énergumène surgit du bas coté de la route et me coupe mon chemin.
Je me sens vraiment naïf parce que je respecte le code de la route pour ma sécurité, et pour ne pas emmerder les autres conducteurs alors que l'enfoiré qui est juste à coté de moi le fait par peur de l'agent de police devant lui.

Tous les jours, en quittant le boulot, à la sortie des berges du lac près du feu juste à coté du Bowling, scénario quotidien, je me met à la file de droite et j'attends tranquillement mon tour en laissant une voie vide pour ne pas bloquer les gens qui vont direction de la Marsa, file qui, comme tous les jours, se remplit de connards qui ne prennent pas la direction de la Marsa mais qui s'entassent, bloquent les autres voitures et te coupent sauvagement ton chemin quand ils s'approchent du feu.

Ce n'est pas le fait de ne pas passer en premier qui me gène, pas du tout, c'est plutôt le fait que respecter les autres deviens vraiment un luxe sur nos routes.
Depuis quelques jours, je me suis mis à l'exercice de ne plus tolérer ça coûte que coûte en leur serrant leur chemin et en les obligeant à s'écarter du mien, je n'en suis pas fier et je n'incite personne à faire ainsi, mais franchement, ayant pedu espoir qu'un jour je n'aurais plus droit à de telles scènes, ça me soulage un tout petit peu d'emmerder ces gens.

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